Le débat public sur le tracé de la ligne 2 a souvent réduit  les propositions du Collectif tramway à une caricature, les Petits-Boutiens prônant le passage par le Peyrou, les Gros-Boutiens eux, par les Berges du Lez... Ce faisant, l’essentiel est malheureusement resté dans l’ombre!

Les Commissaires-Enquêteurs tenaces ont su dans leur rapport, le découvrir et cela mérite une lecture approfondie...

A la publication de leur rapport, des commentaires hâtifs et superficiels, ont pu laisser croire que l’option Peyrou était rejetée en bloc;
il n’en est rien... Lisez plutôt avec nous (NB: il y a un résumé en-bas de la page):

Analyse-Synthése du rapport d'enquête Ligne 2
par le Collectif Tramway de Montpellier

Analyse mise en ligne le 8 mars 2004, sur le site web du collectif tramway: http://collectiftramway.free.fr

Cette lecture attentive, débouche sur une conclusion irréfutable, reprise dans les conclusions des CE: le tracé par le Peyrou est provisoirement  non valable, Ceci n'enlève rien ni à l'intérêt supérieur de cette option par rapport à la boucle du Lez, ni à la possibilité d'une réalisation d'ici quelques années: l'Agglo prévoie qu'en 2010, pour la ligne 3, les travaux nécessaires auront été réalisés.

 

Le travail des Commissaires Enquêteurs ne s’arrête pas là et passe en revue les possibles solutions alternatives...

 


Tronc commun Corum-Comédie-Gare avec la ligne 1: cette variante étudiée dès le départ est proposée par plusieurs personnes (p45, 140, 143). L'Agglo juge cette variante "très contraignante" mais les CE estiment qu'elle mériterait que l'Agglo "examine plus à fond cette hypothèse" (p45). Plus loin (p177), les CE désopilés se gaussent de la terminologie variable utilisée par l’Agglo, de "contraignante" à "totalement ingérable", et remarquent que l'Agglo envisage pourtant la possibilité d'un tronc commun en exploitation alternée. La réponse de l'Agglo porte sur les stations et l'impossibilité de construire une station de 80 mètres de long à la Comédie pour le cas où deux rames arriveraient en même temps.

Suggestion d'une inversion des lignes 1 et 2 (p46): la proposition est de faire passer la ligne 1 par le Peyrou, et la ligne 2 par la Comédie (voie de la ligne 1 actuelle), en réutilisant le tronçon libéré St Charles-Corum pour une liaison entre les deux lignes. L'Agglo, sur ce point, outre une certaine mauvaise foi (oubli de la liaison St Charles-Corum), fait une réponse stupéfiante à cette suggestion d'inversion (p47):

 "la ligne 1 abandonnerait les stations Corum et Comédie, fondamentales pour la clientèle de cette ligne, et reviendrait au tracé Jeu de Paume abondonné initialement à l'unanimité".

Sans commentaires... !

Les CE, quant à eux, ne prennent pas position, car la ligne 1 ne fait pas partie de l'enquête, néanmoins ce n'est peut-être pas innocent de leur part d'avoir transmis cette proposition à l'Agglo. D'autant que c'est la première de toutes les questions portant sur le tracé, et qu'elle n'est pas formulée au nom d'une association en particulier.

Conclusion sur ce tronçon

Le rapport exclut, dans l'immédiat, la solution par le Peyrou  en raison des travaux à réaliser AVANT la construction.

Pour autant, le bilan sur le tracé par le Lez est sévère: 23% plus cher selon les chiffres de l'Agglo, redondance avec la ligne 1,... Ceci se traduit par une RÉSERVE dans l'avis des CE, ce qui est rare et sanctionne durement l'Agglo: "UN AVIS QUI NE POURRAIT ÊTRE FAVORABLE que sous réserve impérative qu'une étude complémentaire soit engagée par le MO, pour rechercher sur ce secteur, un tracé moins pénalisant en terme de fréquentation et de rentabilité socioéconomique".


Les CE ne semblent pas enthousiasmés pour les autres variantes:

Ils notent aussi dans leur avis (p197-198) qu'il n'est pas convaincant d'exclure le passage de la ligne 2 au Peyrou au prétexte que la ligne 3 y passera puisque la ligne 3 n'est pas figée et que rien ne dit qu'elle y passera (en clair: le crochet de la ligne 3 par le Peyrou est irréaliste et l'Agglo ne l'a sorti de son chapeau qu'au seul motif de justifier a posteriori le tracé de la ligne 2).

La conclusion (p198) est dure pour tout le monde: "Finalement, il apparaît qu'aucune de ces variantes de tracé entre les stations Gares et Corum, ne présente des caractères indéniables d'utilité publique." et les CE souhaitent que l'on recherche un tracé plus performant.

 

Le Collectif Tramway  conforté par cette lecture, dit qu’il y à urgence,  une solution optimale est indispensable pour l’avenir des citoyens de L’Agglo, et celle-ci peut ressembler à la suggestion transmise à l'Agglo par les CE (p46), basée sur la ligne 1 au Peyrou, la ligne 2 à la Comédie, et une liaison entre St Charles/Albert 1er et le Corum, après éventuellement une exploitation transitoire en tronc commun par la Comédie dans un premier temps. Cette inversion des lignes, pour un coût identique à la variante Peyrou (très inférieure à la variante Lez même selon les chiffres fournis par l'Agglo: 60ME contre 74ME), diminue les temps de parcours tant pour la ligne 2 que pour la ligne 1, et permet un intéressant bouclage de l'Écusson par le tramway (que nous proposerons d'accompagner d'un contournement plus extérieur, par exemple par un autobus du type "La Ronde" circulant sur voie en site propre).

 

Et le Collectif-Tramway repose la question jamais résolue, qui se doit d’être reprise par les média conscients de leur importance:

Pour quelle raison, l’Agglo  n’a-t-il jamais eu la moindre concertation avec le Collectif; pourquoi, malgré ses multiples propositions, ses 7000 signatures de soutien, la qualité de ses analyses validées par le rapport d’enquête, l’énorme travail accompli en toute indépendance et bénévolement; pourquoi l’Agglo sans aucun respect de la démocratie participative, a-t-il méprisé et ignoré son travail ?

En poursuivant la lecture du rapport, les nuages d’orage s’accumulent dans le ciel de l’Agglo, et ce malgré les couches de bleu communication rajoutées au moindre doute...

 

Cohérence du projet avec le PDU et le DVA

C'est surtout le Plan de Déplacement Urbain (PDU) qui est contraignant: selon la loi, il doit notamment permettre de réduire la circulation automobile et favoriser les transports en commun, le vélo, et la marche à pied. Le tram doit tendre vers cet objectif, et donc assurer un transport efficace tout en reprenant de l'espace aux voitures, ce qui n'est pas évident à prouver: c'est un risque juridique immédiat, dans un contexte où le PDU est déjà attaqué au tribunal (recours de l'association ADTC34).

La qualité de la concertation, l'honnêteté des chiffres

Nombreux sont les témoignages plus ou moins précis rapportant une absence de concertation, des réunions "de concertation" transformées en monologue des représentants de l'Agglo et de Tam, etc... Les CE, faute d'éléments tangibles, s'interrogent sur certains points, et regrettent:

On peut faire dire ce qu'on veut aux chiffres, mais il faut faire attention si on veut être pris au sérieux par les CE. Selon ce qui l'arrange, l'Aggo n'utilise en effet pas toujours les mêmes critères (CE: p29). L'Agglo oublie ceux qui au lieu d'aller travailler, vont ailleurs: "loisirs, culture, commerces,..." (CE: p31 et autres), sans doute parce que ce type de déplacements est plus fréquent vers l'Écusson que vers Port-Marianne (voir aussi remarque p34).

La méthode d'estimation de la fréquentation est assez gratinée: on regarde les habitants vivant à moins de 600m d'une station, sauf que:
  - pour la boucle du Lez (recouvrant très largement la ligne 1), on passe à 300m, ce qui réduit le recouvrement (bas p50).
  - pour la station dite "Pompignane", pourtant éloignée du quartier de la Pompignane, l'Agglo souhaite utiliser une limite supérieure (p69). Les CE réduisent ces espérances en estimant à 3900 personnes le potentiel (à 600m) de cette station (p69), contre 12700 personnes comme annoncé dans un journal municipal (p68)
  - un facteur constant permet d'estimer qu'en marchant 600m, on arrive en moyenne à 470m à vol d'oiseau de la station. Ce calcul n'est pas valable en cas de coupure importante comme le Lez à la Pompignane, et les CE s'étonnent que l'Agglo "n'ait pas indiqué comment a été mise en oeuvre la méthode permettant de tenir compte des «coupures importantes»" (p70).

Les nuisances pour les riverains

Plusieurs remarques concernent les bruits (roulement, crissements,...) et les vibrations: les riverains de la ligne 1 apprendront (p121) que leur mobilisation n'a pas été inutile, avec des améliorations pour la ligne 2, tant au niveau de la voie (meulage dès le départ, traitement anti-crissement) qu'au niveau des rames (capotage des bogies, matériaux antibruit... à quand un rétrofittage sur les rames de la ligne 1?).

Les CE doivent cependant remarquer que la ligne 1 est bruyante dans les courbes et qu'on peut s'interroger "sur le tracé de certaines sections de la ligne, qui présente plusieurs courbes de faible rayon" (p124). À ce propos on peut être surpris quand, aux riverains de Pédro de Luna qui s'inquiètent du passage du tram près de chez eux (bas p63), l'Agglo explique entre autres que le tram roulera "à vitesse réduite du fait des courbes"! (p64).

Les courbes concernent évidemment le quartier des Beaux-Arts traversé par un tracé très tortueux. Pour l'Agglo, aucun problème: "les courbes qui génèrent ce tracé ne posent pas de problème particulier" (p66); "Le problème du bruit en courbe constaté à la mise en service de la première ligne a depuis été maîtrisé; la vitesse réduite du Tramway du fait de l'environnement urbain contribuera à l'atténuer" (p66). Il suffit d'entendre le tram devant la gare, quand il a plu, pour être totalement rassuré!

À une autre question sur les bruits, crissements, vibrations, et l'usure du matériel, liés aux virage dans la rue de Substantion et dans la rue du Pont de Lattes (p144), l'Agglo est estime que son "expérience accumulée" permet de maîtriser le problème, que le tramway apporte nécessairement une qualité de vie, et arrive à un exploit: expliquer que le tracé par la rue de Substantion est le tracé le plus court (p144). Les CE par contre, pensent que "le MO [l'Agglo] est optimiste quand il affime que l'aspect courbes est maîtrisé (voir ligne 1)" et que le tram n'apporte pas toujours une qualité de vie, "surtout dans la rue du Pont de Lattes" (p144).

Toujours sur la rue du Pont de Lattes, les CE indiquent que "compte-tenu des contrainte imposées au riverains: soit un autre tracé devrait être recherché, soit d'importantes compensations devraient être accordées à ces riverains" (p173).

Concernant le passage par les rives du Lez, les CE estiment que "quoi qu'en dise le MO [l'Agglo], l'ambiance agréable actuelle ne sera pas conservée avec le passage de la ligne 2 dans ce secteur. De plus, la ligne de tramway présentera des dangers supplémentaires pour les piétons et les cyclistes" (p72).



 

En Résumé...

La lecture  du rapport d’enquête sur l’utilité publique du tracé de la Ligne 2, présenté par le Maître d’ouvrage, l’Agglo de Montpellier, condamne sans appel le détour par les berges du Lez et ce quel que soit le critère retenu pour son étude...

        Coût excessif... Population nouvellement desservie faible(dupli avec L1) ...

        Temps de parcours rédhibitoire (détour) pénalisant la banlieue...

        Risque submersible constaté de visu (p17-18)     

        Nuisances fortes (Pt de Lattes, Beaux-Arts) incontournables...  

        Dégradation obligatoire des bords du Lez...

        Jusqu’au Viaduc Loubat de 40M euros, hors projet, non validé (p193)...

        Largement incompatible avec les objectifs du PDU...

        Des critiques fortes sur la réalité de la concertation menée...

        Mise en doute de l’honnêteté des chiffres présentés et des méthodes utilisées

        Incohérence de l’ensemble du projet !

        Communication « propagande » menée à grands frais... Pression médiatique...

        Méthodologie variable utilisée à l’escient escompté, etc....

N’en jetons plus... !

        Des pistes de réflexion intelligente sont suggérées... Tronc commun Corum-Gare...

        Passage à prévoir par  le Peyrou ( possible à terme)... Inversion des lignes 1 et 2...

    

C’est un résultat catastrophique pour l’Agglo et ses ingénieurs, analystes, bureaux d’études en service commandé

Le Collectif-Tramway n’est pas rancunier, il saura aider à trouver les solutions les meilleures pour le bien de tous et le respect de l’Utilité Publique... Il suffit de demander!