Réponse du Collectif Tramway

au projet de ligne 2 du tramway de l'agglomération de Montpellier,
 soumis à enquête publique du 15 septembre au 31 octobre 2003.

Introduction

Le Collectif Tramway est constitué d'une trentaine d'associations de quartiers, d'usagers, et de commerçants. Un grand nombre d'entre elles ont apporté leur contribution au débat de façon indépendante. Le présent document résume les points que les différentes associations s'accordent à trouver importants.

L'Agglomération de Montpellier (désignée dans la suite comme "l'Agglo") a fait apparaître, dans l'étude d'impact en vue de la déclaration d'utilité publique, une comparaison entre le tracé proposé par le Collectif Tramway et le tracé mis à l'enquête publique. Le présent document ne répond pas à cette comparaison: nous dénonçons dans un document séparé les points les plus choquants de cette comparaison.

Note:
les articles de presse cités peuvent être consultés sur le site internet du Collectif: http://collectiftramway.free.fr/revue_presse.html

Remarques sur la concertation

Tous les observateurs s'accordent à dénoncer l'absence de concertation sur le projet de 2e ligne, malgré une demande importante du public. En voici quelques preuves:
C'est dans une large mesure l'absence de concertation à l'initiative de l'Agglo qui a motivé la création du Collectif Tramway. Nous avons regroupé un spectre particulièrement large d'associations: de résidents de différents quartiers et villages, de commerçants, de riverains du tramway, et d'usagers (des transports en commun, mais aussi du vélo et de la marche à pied). Il n'est pas étonnant que des divergences soient apparues, mais ce que nous présentons ici correspond à un accord général des différentes associations.

Souhait d'un tracé direct et rapide

Le PDU identifie clairement le tramway comme outil principal en vue de maîtriser la circulation automobile. Mais pour cela, il faut que la priorité soit clairement attribuée au tramway:
Pour ce projet, il existe un axe historique, densément peuplé et nettement plus large que la majorité des voies de Montpellier: c'est la RN113. L'utilisation de cet axe apporte de nombreux avantages:
Concernant les nuisances, il convient de rappeler que le tramway produit des crissements et des vibrations dans les virages, même avec une meilleure réalisation que pour la ligne 1 (type de voie, meulage des rails, graissage,...), ainsi qu'une plus grande usure de la voie. Ce phénomène concerne tous les tramways (d'autant plus en voie large: 1.44m), car les constructeurs de tramways ne proposent pas de modèles à roues indépendantes (tels que les trains Talgo ou le prototype BOA qu'avait étudié la RATP); le graissage est une solution partielle, dépendante des conditions climatiques (crissements quand la pluie a fait partir la graisse). Le meilleur choix est donc de réduire au minimum le nombre de virages.

Nous proposons donc un tracé par la RN113 (route et avenue de Toulouse, boulevard Clemenceau, avenue et route de Nîmes), avec cependant les déviations suivantes:

Souhait d'un tracé utile pour toute l'Agglomération

Le tramway est financé par les communes et les entreprises de toute l'agglomération: les 15 communes du District pour la ligne 1, 38 communes pour la ligne 2 (ou peut-être bientôt 32 communes car 6 communes ont demandé à quitter l'Agglo). Il serait juste que le maximum de communes bénéficient peu ou prou du projet. Mais force est de constater que cela n'a pas été le cas pour la ligne 1:
Nous souhaitons que ceci ne se reproduise pas avec la ligne 2. Les communes périphériques pourraient y être plusieurs fois perdantes: d'abord en payant sans tirer profit du tramway, ensuite en souffrant de difficultés de plus en plus grandes pour utiliser la voiture individuelle, soit à cause de la limitation de la circulation à Montpellier, soit dans le cadre de mesures de restrictions liées à la pollution (genre "pics d'ozone" de l'été), soit dans le cadre de l'application du protocole de Tokyo sur la réduction des émissions de CO2. Nous proposons donc comme solutions:

Un tracé utile pour les riverains

Pour un tramway qui offre une alternative à la voiture

Dans le PDU, le tramway permet de limiter la place de la voiture. Ce projet ne respecte pas cet objectif car on constate que:
Le tramway à lui seul ne répondant pas à tous les besoins de déplacement, des bus sont nécessaires, et ceux-ci ne doivent pas être les parents pauvres du réseau de transports en commun. Les propositions de l'Agglo sont un peu insuffisantes:

Limiter le nombre d'expropriations

Le tracé que nous proposons demande très peu d'expropriations, car il passe par des axes assez larges. Ce n'est pas le cas du tracé de l'Agglo, en particulier dans la boucle du Lez et dans le quartier des Beaux-Arts. La voie double sur la RN113 à Castelnau augmente aussi les expropriations.

De telles expropriations sont coûteuses, et d'une utilité publique difficile à justifier vue l'existence de possibilités alternatives.

Une place décente pour les piétons et les cyclistes

Le projet ne détaille que la position des voies de tramway et des voies de circulation automobile. À l'inverse, les zones de circulation piétonne sont indiqués de façon incomplète: la couleur correspondante sur les plans est la même que celle des pistes cyclables et de la plupart des petits espaces inutilisables (îlots séparateurs, etc...). Certaines traversées de rues semblent ne comporter aucun aménagement piéton, et d'autres imposent des détours pour les piétons car les passages piétons sont écartés des intersections. La confusion entre zones piétonnes et cyclables, enfin, laisse craindre que certains trottoirs ne sont finalement pas praticables en sécurité par les piétons.

Le vélo est pour sa part le grand oublié de ce projet: rappelons pourtant la nécessité, depuis quelques années, de prévoir des itinéraires cyclables lorsque la chaussée est réaménagée (article 20 de la Loi sur l'Air, aujourd'hui reclassé en tant qu'article L228-2 du Code de l'Environnement: récente jurisprudence de la Cour Administrative d'Appel de Lyon, dans le cas association REVV contre mairie de Valence). Le projet n'est pas assez détaillé pour situer les zones équipées de pistes cyclables sur le trottoir et celles qui n'en ont pas, mais malgré cette lacune on peut supposer que les trottoirs larges d'environ 2 mètres ou moins ne sont pas équipés de pistes cyclables, ce qui implique que les cyclistes utilisent la chaussée principale; or, la chaussée n'est dans ce cas pas toujours aménagée d'une manière qui permettent une bonne cohabitation entre vélos et voitures (une seule voie de circulation par sens, zone 30,...). De plus, le projet ne semble pas comporter la mise à jour des normes de stationnement dans le POS/PLU (article 12), alors que les parkings à vélos ne sont globalement pas exigés à Montpellier, sauf dans des quartiers très centraux, où le nombre de nouvelles mises en chantier est nécessairement très faible: ceci est contraire à l'orientation en faveur de l'intermodalité (entre autres vélos-tramway) indiquée dans le PDU. Enfin, certains points paraissent très difficiles à franchir à vélo, par exemple le rond-point Charles-de-Gaulle à Castelnau.

Ces remarques prolongent des constatations classiques à Montpellier: la zone piétonne est étendue mais les piétons sont insuffisamment considérés en-dehors des zones piétonnes (trottoirs étroits, présence d'obstacles, stationnement anarchique sur les trottoirs). De même pour le vélo, la commune de Montpellier dispose de pistes cyclables mais souffre de lacunes qui restreignent la pratique du vélo: mauvaise continuité des itinéraires cyclables et mauvais maillage du réseau cyclable, points sensibles généralement aménagés sans prise en compte du vélo (donc points noirs pour la sécurité des cyclistes), stationnement vélo inexistant dans les habitations récentes et insuffisant dans certains lieux importants en particulier la gare SNCF (9 places devant la gare).