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Communiqué du 21/01/2003, au lendemain de la publication du rapport d'enquête publique sur le Plan de Déplacements Urbains (PDU)

PDU: le verdict très critique de la commission d'enquête... et l'embarras des services de l'agglomération de Montpellier

On se doutait bien qu'il y avait anguille sous roche... Close depuis le 18 septembre dernier, l'enquête publique sur le Plan de Déplacements Urbains (PDU) se termine difficilement pour la communauté d'agglomération de Montpellier. Le rapport des commissaires enquêteurs est enfin accessible au public, avec plus de 3 mois de retard. Un retard dû aux difficultés de l'agglomération à répondre aux critiques émises par les commissaires enquêteurs. Dès le 3 octobre dernier, les commissaires enquêteurs avaient transmis un ensemble d'observations à l'agglo, mais il faudra attendre jusqu'au 25 octobre pour qu'ils reçoivent un mémoire de réponse. Mémoire jugé si confus par les commissaires enquêteurs qu'ils réclameront, par un fax daté du 6 novembre, une remise en forme de ce document. Ce qui ne devait pas être aisé, puisque cette mise en forme prendra encore 3 semaines, la réponse finale de l'agglo ne parvenant aux commissaires enquêteurs que le 21 novembre. Et le 5 décembre 2002, les commissaires rendaient enfin leur avis. Un avis qui, contrairement aux usages, ne sera pas rendu public immédiatement: il faudra attendre le 20 janvier pour pouvoir enfin consulter le fameux document très attendu. Pourquoi donc?

Dès l'introduction, les commissaires enquêteurs relèvent avec malice que la date de l'enquête publique (en juillet et août) était très "propice à l'expression des estivants". Ce qui leur vaudra des permanences désespérément vides... (pas âme qui vive le 3 juillet à la mairie de Montpellier ou le 16 juillet à la mairie de Mauguio). Et une demande de prolongation de la durée de l'enquête en septembre, fort utile puisque les dernières permanences seront prises d'assaut. Au total, 110 personnes se sont exprimées, ce qui est peu. Mais n'est ce pas dû à un dossier "confus et à lisibilité médiocre", selon les propres termes des enquêteurs?

Dans leurs conclusions, les commissaires enquêteurs trouvent du secours auprès du Larousse pour rappeler la différence entre une concertation ("action en commun") et une consultation ("recueil d'avis"). Pour épingler ce qui, pour eux, relève plus d'une consultation que d'une concertation lors de la préparation du dossier. Mais levons d'emblée le voile sur leurs conclusions finales: la commission d'enquête donne certes un avis favorable sur le projet de PDU, ce qui ne surprendra personne. Mais elle ajoute 6 réserves qui vont en compliquer certainement l'élaboration finale, et qui doivent valoir des sueurs froides aux responsables de l'agglo.

La première réserve est de présenter "une étude économique et financière pour éclairer le choix des actions proposées". Une manière élégante de souligner un dossier bâclé qui en reste aux intentions vagues. Un manque d'ambition souligné à plusieurs reprises par les commissaires. Page 37, par exemple, la commission "partage partiellement le point de vue selon lequel l'agglo ne s'est pas fixé des objectifs suffisamment ambitieux". La seconde réserve est de "présenter une synthèse sur les organismes chargés du contrôle et du suivi de l'exécution du PDU". Histoire de garantir que ce document ne restera pas une collection de voeux pieux? En demandant un "véritable calendrier des actions précisant les étapes intermédiaires entre 2002 et 2012", la commission insiste lourdement. Une troisième réserve, probablement la plus savoureuse, est de présenter un document expliquant les choix et les principes qui ont conduit au choix des tracés des 3 lignes de tramway. Faut-il en conclure que les choix de ces "corridors de désirs" (les technocrates sont parfois poètes) sont si obscurs? D'autres réserves importantes encore, sur de nouvelles actions que doit envisager l'agglo pour inciter la population à utiliser les transports en commun, sur l'organisation de la livraison des marchandises dans l'ensemble des 38 communes, sur la nécessité d'inclure des cartes claires dans le PDU permettant le contrôle ultérieur de sa réalisation. Tout cela risque de retarder d'autant l'approbation définitive du PDU_et le financement de la seconde ligne de tramway.

Mais c'est sur le tracé de cette seconde ligne de tramway que les conclusions de la commission d'enquête sont les plus attendues. En réponse aux nombreuses critiques émises par les participants à l'enquête sur le tracé "préférentiel" adopté par l'agglo, on notera avec surprise que, faute de réponse des services de l'agglo sur ce sujet, ce sont les services de la TAM qui ont répondu aux interrogations de la commission (lors d'une réunion le 3 octobre 2002). Faut-il en conclure que l'agglo ne souhaite plus assumer la paternité de ce tracé si contesté? Page 99, la commission d'enquête "regrette que l'étude alternative de la 2ème ligne proposée par le Collectif Tramway ne soit pas analysée, ni même évoquée dans le dossier du PDU sous l'aspect des principes. En effet, ne serait-ce que par les différences qui en découleraient, la comparaison des 2 projets aurait clarifié la compréhension des principes retenus". C'est donc bien la cohérence du tracé de la seconde ligne de tramway avec les principes du PDU qui est critiquée par la commission, qui précise, page 55, que "les multiples observations relatives aux principes d'organisation des transports en commun (le choix des tracés des lignes) paraissent pertinentes", et qui fustige plus loin le "manque de clarté de la réponse apportée par l'agglomération". L'agglomération s'en sort par une pirouette en indiquant simplement que, pour le tracé de la seconde ligne de tramway, "le dossier mis à l'enquête publique pour la seconde ligne de tramway explicitera les différentes hypothèses et justifiera le tracé définitivement choisi" (page 58). Il faudra donc attendre encore un peu pour savoir pourquoi le tracé préférentiel est le meilleur... Mais puisque le tracé alternatif du collectif tramway ne fait actuellement l'objet d'aucune étude économique et financière sérieuse, on peut prévoir de nouveaux retards pour la procédure d'enquête publique pour la seconde ligne de tramway.

Dans ses recommandations finales, la commission propose "d'associer étroitement toutes les catégories d'usagers, au travers de leurs représentants, à la mise en oeuvre du PDU". Voilà qui devrait permettre à de nombreuses associations du Collectif Tramway de siéger dans le Comité Partenarial de Suivi (CPS). Elle propose aussi de mieux prendre en compte les besoins des communes littorales, et suggère d'étudier la possibilité de "mettre en service un petit train touristique entre Antigone et Palavas" (ça rappelle de vieux souvenirs) et de "placer des coches d'eau sur un Lez rendu navigable". Ou encore de mieux assurer la cohérence sur l'ensemble de l'agglo des schémas cyclables. Ou de sécuriser les parcours piétonniers y compris hors des zones piétonnes. Toutes mesures réclamées par de nombreux usagers qui ont fait l'effort de participer à l'enquête, et qui seront satisfaits du travail très approfondi effectué par la commission d'enquête.

Pour les amateurs, l'annexe 14 (réponses de l'agglo aux observations des commissaires) est particulièrement savoureuse... On n'y trouve en général pas de réponses de fond aux questions soulevées. Par contre, des cartes plus claires permettent enfin de mieux comprendre les enjeux du PDU. Sauf pour les pistes cyclables, pour lesquelles l'agglo "ne peut faire de document formalisé en dehors des plans des pistes réalisées par la ville et le département de l'Hérault". Une manière de ne s'engager à rien, nettement critiquée par la commission d'enquête. Qui a fait un travail approfondi, soigneux, où aucune question posée par les personnes qui ont participé à l'enquête n'est esquivée. Un bel exemple de consultation, à défaut de concertation préalable.


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