Montpellier: la guerre contre les autobus continue
Depuis la mise en service de la ligne 1 du tramway, en 2000, le
réseau d'autobus est progressivement démantelé.
Mais à cette politique de longue date de l'agglo de Montpellier,
se rajoute depuis peu l'action de la ville de Montpellier.
Jeu de Paume / Arceaux / St-Denis
On se souvient que la ville de Montpellier, contre l'avis de la TAM, a
décidé d'interdire le passage des autobus sur le Jeu de
Paume pour les 4 mois que vont durer les travaux d'élargissement
d'un trottoir. Et ceci dans les 2 sens.
Dans un sens, le passage par les petites rues Draparnaud et Marioge,
aux Arceaux, provoquent la colère des résidants du
quartier et de l'association Arceaux Vie Active (NB: membre du
Collectif Tramway).
Dans l'autre sens, le passage des bus dans la rue St-Louis, qui relie
l'aqueduc des Arceaux au Plan-Cabanes, est amusant. Car non seulement
cette ruelle à fort trafic est dotée de trottoirs
totalement indignes (on a mesuré 70 cm d'un côté et
100 cm de l'autre: voir la mesure),
ce qui crée une situation intenable pour les habitants et les
nombreux passants de cette rue. Mais en plus, les voies de circulation
sont très étroites: 2.50m, quand la norme est plus proche
de 3m. Or que fait un bus dans une voie de 2.50m? Eh bien il
déborde! On peut donc observer les habituels embouteillages de
voitures sur 2 voies, parsemés d'autobus urbains qui roulent
sensiblement au milieu.
Cela fait longtemps que le scandale de cette rue a été
dénoncé. Les plans existent pour la
réaménager avec une seule voie de circulation en
rétablissant des trottoirs conformes aux normes à
défaut d'être larges (le projet d'une bande cyclable dans
le sens inverse existe). La circulation n'en serait pas pire, car les
bouchons viennent du goulot d'étranglement situé du
côté de la place Salengro, où les voitures
garées à cause des nombreux commerces réduisent de
fait la largeur utilisable par les voitures à une seule voie.
Clémenceau / Grand St-Jean / Bd Strasbourg
Le plus amusant: poursuivant
son action anti-autobus, la ville de Montpellier a supprimé le
couloir de bus qui allait du Bd Clémenceau au Jeu de Paume en
passant par la place St-Denis (alors que les voitures devaient faire un
détour). Les voitures ont d'abord obtenu l'autorisation
d'emprunter ce couloir de bus. Puis, l'unique voie de circulation a
été élargie pour arriver à 2 voies,
toujours pour le confort des voitures.
Or cet aménagement
anti-autobus crée d'énormes embouteillages sur le Bd
de Strasbourg de l'avenue de Grand St-Jean (qui n'en demandaient pas
tant)! Pourquoi? Parce que l'élargissement cité
plus haut, au niveau de la place St-Denis, empiète sur une voie
qui débouche de l'avenue du Grand St-Jean. Et la faible largeur
des trottoirs (là aussi! en plus ils sont souvent
squattés par des voitures garées) ne permet pas
d'élargir la chaussée. Il n'y a donc plus qu'une seule
voie de circulation en provenance de l'avenue du Grand St-Jean et du Bd
de Strasbourg, ce qui inévitablement provoque d'énormes
embouteillages, aux heures de pointe, et pire encore le vendredi.
Amusant lorsque l'on constate que tout vient d'un point qui ne mesure
que 5 mètres de long!
Mme Mandroux (la mairesse de Montpellier) aurait-elle trouvé le
moyen de déplaire à la fois aux usagers des bus, aux
automobilistes, et aux piétons?
Autopont du Corum / Avenue de Nîmes
En voiture, vous voulez éviter le secteur du Jeu de Paume? Alors
vous contournez la ville de l'autre côté et arrivez au
Corum. Là, l'avenue de Nîmes est coupée. Cela a une
conséquence, peut-être bien volontaire: vous êtes
maintenant obligé d'emprunter l'autopont du Corum (appelé
«Viaduc Loubat»
par Frêche). C'est que cet autopont ruineux n'était
guère utilisé: même si cela relève un peu du
gag, on peut presque dire qu'il sert exclusivement à Georges
Frêche, pour lorsqu'il va se restaurer au «Jardin des
Sens», ou lorsqu'il retourne à la maison dans le quartier
de l'Aiguelongue. Eh bien désormais, qu'on le veuille ou non,
cet autopont sera utilisé!
Pour ceux qui n'ont pas pris l'autopont, il faut quelque peu zigzaguer
dans le quartier des Aubes, et mieux vaut bien connaître la
géographie locale car les panneaux signalisateurs ne sont d'une
utilité que toute relative: là où on aurait pu
espérer voir indiqué "Castelnau", "Nîmes", ou
"Montpellier Facultés", la seule indication est "Jardin des
Sens", ce restaurant fréquenté par la nomenclatura
montpelliéraine et qui bénéficie
décidément d'un favoritisme assez outrancier.
À vélo, en vitesse mais sans encouragements
Dans cette situation, comme le signale la Gazette (hebdomadaire frêchiste de Montpellier) du 1er septembre 2006, il reste les pieds et le vélo.
Pour les pieds, l'étroitesse des trottoirs de la ville, leur
état désastreux, la présence de poubelles et de
poteaux au milieu, et l'impunité des automobilistes qui se
garent dessus, rendent l'opération assez difficile, à
part dans le centre historique piétonnisé. La ville
semble vouloir en partie améliorer la situation, si l'on en
croit la construction de passages piétons surbaissés plus
pratiques, mais les efforts sont limités.
Et à vélo, bien entendu on arrive à battre de
vitesse tout autre moyen de transport, mais les conditions se sont
également dégradées. De nombreux
itinéraires cyclables ont été coupés en des
points stratégiques sans aucun égard pour les usagers.
Les stationnements pour vélos ont été pratiquement
supprimés dans toute la ville, en particulier dans le centre
historique piéton, et à la gare SNCF (de 9 places, on est
passé à 0, quand en même temps Strasbourg inaugure
un parking vélo de 1500 places pour l'arrivée du
TGV-Est...). Le stationnement vélo en face de la
Préfecture, l'un des derniers qui restaient dans le centre, a
récemment été supprimé pour
améliorer la circulation des voitures soumises à une
borne d'accès à la zone piétonne.
L'agglo va aider le vélo (peut-être)
L'agglo semble vouloir lancer un projet de type "vélo".
L'exemple de Lyon (service "Vélo'V", de location
automatisée de vélos en courte durée sur des
bornes d'emprunt, géré par JC.Decaux et financé
par la pub sur les sucettes publicitaires plantées sur les
trottoirs) suscite la convoitise des autres agglomérations,
ainsi que des autres grandes entreprises de publicité urbaine et
de transport public.
Deux propositions existent pour l'instant:
de TRANSDEV (l'un des 3 gros du transport public, cette filiale
de la Caisse des Dépôts est la maison mère de la
TAM). Il s'agirait d'un service "Allo-Vélo", copié
du service "Call a Bike" de la Deutsche Bahn (chemins de fer
allemands). Voir le site web de l'original
(en allemand). Le système allemand fonctionne sans point
d'accès dédié, le système est basé
sur l'utilisation du téléphone portable (SMS) et de la
carte de crédit, mais il faut pas moins de 3 SMS pour assurer la
transaction (dont 1 envoyé par le gestionnaire), ce qui est un
peu lourd.
de Clear Channel (l'un des 3 gros de la publicité,
concurrent de JC.Decaux, et qui possède les abris du tram et des
bus de Montpellier), le service serait plus proche de Vélo'V
(à Lyon). Déjà, avant Vélo'V, Clear Channel
avait déjà un système de location
automatisé de vélos, avec une cinquantaine de bornes
dispersées dans le centre d'Oslo en Norvège, et en partie
financé par la publicité sur les vélos et sur les
bornes. Mais ce genre de publicité étant interdit par la
loi française, ici il s'agirait d'un service subventionné
par la collectivité.
Il semble que ces deux services ont comme point commun d'être
particulièrement chers. Tout est donc possible, y compris une
troisième solution, peut-être gérée
directement par l'agglo. Sauf que l'agglo, qui a des relations avec les
grandes compagnies et en particulier Transdev et Clear Channel,
semblait relativement dénuée de compétences (ou
d'intérêt) en interne sur la question du vélo.
Contact à propos de ce site web: mjulier@free.fr