La ligne 1 coupée à partir de la SNCF: la galère!

Travaux sur la ligne 1

Dans la construction de la ligne 2 du tramway, la multiplication des travaux touchant la ligne 1 a contraint la TaM à interrompre totalement le service entre la gare SNCF et le terminus Est (zone d'Odisséum), du 18 juillet au 28 août 2005. Jusqu'alors, la voie était coupée au niveau de la gare SNCF, mais des rames étaient maintenues en service sur l'extrémité Est (mais sans accès au centre de maintenance tramway). Les travaux en cours sont les suivants:

gare SNCF: pose des aiguillages de la ligne 2 (direction avenue de Maurin) vers la ligne 1 (directions Comédie et Antigone)
pont de Lattes: pose des aiguillages de la ligne 2 (direction rue du Pont de Lattes et Bd de Strasbourg) vers la ligne 1 (direction gare SNCF)
entre la gare SNCF et le pont de Lattes: reconstruction de la voie avec surélévation pour rendre possible de virage sur le pont de Lattes
bibliothèque municipale d'Antigone (hôtel Mercure): pose des aiguillages de la ligne 2 (direction zones inondables de l'hôtel Astron et du Verdanson) vers la ligne 1 (direction terminus Est)
chemin de Moularès: pose des aiguillages de la ligne 2 (direction Bd de Strasbourg) vers la ligne 1 (direction centre-ville)

Relevons une fois de plus que c'est le tracé sinueux retenu qui rend nécessaire un tel nombre de chantiers, dont certains très techniques (le tronçon de la gare SNCF à la rue du Pont de Lattes en particulier, à l'égal des travaux déjà en partie réalisés au niveau du Corum et du Verdanson).

Au point à relever: l'absence totale d'anticipation lors de la construction de la ligne 1. Celle-ci avait été construite avec la technique de la voie en béton (traverses béton+métal noyées dans une chape en béton armé), technique coûteuse mais censée durer pendant des décennies. Or voici que déjà, il faut casser la chape de béton avec ses traverses (les rails sont par contre récupérés). Le projet de construire 3 lignes existait pourtant déjà, pourquoi n'a-t-on pas dès le départ posé des aiguillages, ou à défaut choisi à ces endroits un type de pose plus économique et plus facile à détruire?

Voir ci-contre la destruction au marteau-piqueur monté sur camion de la voie en béton au niveau du chemin de Moularès (station "Rives du Lez"). Cliquez sur l'image pour l'agrandir. =>

Destruction de la voie en béton au marteau piqueur

Des bus de substitution, et 8 rames de tram gardées au frigo

Du coup, plus aucun service de tramway n'existant à l'Est de la gare SNCF, un système d'autobus de substitution a été mis en place. Les débuts ont été calamiteux: lundi 18, certains voyageurs ont dû attendre un bus pendant près d'une heure, tandis que la TaM reconnaissait avoir vu un peu juste et avoir sous-estimé la congestion de la circulation. Mardi 19, le système semblait fontionner un peu mieux, mais les autobus de substitution semblaient toujours trop peu fréquents par rapport à la demande, et ils étaient toujours bondés à un niveau assez scandaleux.

Le plus surprenant, même si en réalité c'est logique, concerne les rames qui circulaient précédemment à l'Est de la gare SNCF, après la coupure de la ligne en deux parties. Ces huit rames n'ont pas pu rejoindre le dépôt des tramways, et elles sont donc entreposées, soigneusement rangées 2 par 2, dans un enclôt gardé à l'endroit le plus discret de la ligne 1, en l'occurrence le no-man's-land de l'avenue du Mondial 1998.

Station fermée à Antigone. Le panneau indicateur se veut complet mais les explications pourront déconcerter certains touristes: pourquoi pas plutôt un petit plan du quartier?

Huit rames sont gardées en réserve le long de l'avenue du Mondial 1998.

La plate-forme du tramway non utilisable par les autobus

À Montpellier (comme dans d'autres villes françaises), le tramway a été conçu comme une vitrine totalement déconnectée de l'ensemble du réseau de transport.

Le Collectif Tramway a toujours défendu la position inverse, souhaitant que le réseau de transport soit performant, avec le tramway comme l'un des maillons de la chaîne. Le débat avait été soulevé par exemple lorsque la ligne 4 (Castelnau - Montpellier gare SNCF) avait été amputée d'un bout pour se terminer au Corum. Nous avions défendu l'idée selon laquelle, si réellement la congestion du trafic empêche l'exploitation de la ligne dans de bonnes conditions, le bus aurait dû emprunter la plate-forme du tramway entre le Corum et la place Albert-1er (lire à ce sujet nos infos de novembre 2002 et de février 2003).

Dans le cas présent, alors que le tramway ne fonctionne pas mais que la plus grande partie de la plate-forme n'est pas en travaux, il aurait pu être intéressant d'y faire circuler les autobus. Ce n'est pas le cas, apparemment ce n'est pas possible: encore un manque d'anticipation, car nombreuses sont les villes (surtout à l'étranger) où dès le début la plate-forme du tramway est utilisable par les autobus.

Avenue Marie-de-Montpellier (entre le pont Zucarelli et la fac de gestion): voie coupée. On voit le fil de mise à la terre de la caténaire, et les panneaux qui bloquent la voie. Cet axe est sujet à des embouteillages permanents, dommage que les bus de substitution ne puissent pas les éviter en empruntant la plate-forme du tramway.

L'exception qui confirme la règle (car la logique qui gouverne les décisions de la TaM et de l'Agglo est toujours difficile à saisir!): la station de tram "Moularès" (à côté du pont Zucarelli) est desservie directement par les autobus depuis la plate-forme du tram.

La conclusion: une véritable galère pour rejoindre la mer!

Au risque de faire un mauvais jeu de mots: c'est une victoire pour G.Frêche, l'ancien maire de Montpellier qui avait rêvé de faire arriver des bateaux jusqu'à Montpellier (à "Port-Marianne"); certes les bateaux ne viennent toujours pas à Montpellier, mais déjà c'est la galère pour atteindre la mer!

Résumé des épisodes précédents, où les liaisons Montpellier-la mer étaient déjà saccagées:

le rabattement de toutes les lignes de bus sur le tramway, afin d'augmenter les chiffres de fréquentation de la ligne 1, avait déjà largement nui à l'efficacité des dessertes vers la mer
la sortie de Palavas de l'agglo de Montpellier avait provoqué en rétorsion la restriction du nombre de dessertes, au prix dissuasif de 3.20 Eu l'aller simple (en plus du ticket de tram), mettant la station historique de Montpellier au même régime que Carnon et La Grande Motte, villes ayant quitté l'Agglo très peu de temps après leur intégration de force.
les voyageurs désargentés avaient comme seule solution, de prendre le tram (jusqu'à Port-Marianne), puis le bus n°28 (coupé aux Cabanes de Pérols), puis de terminer à pied (2 km sans ombre et sans trottoir).

Depuis la situation s'est aggravée: les bus de substitution sont clairement insuffisants pour assurer le flux de voyageurs provoqué par le rabattement des lignes de bus. Pourquoi ne pas avoir alors restauré les lignes de bus jusqu'à la gare?

L'illustration de la galère: sur cette photo prise à 16h29, le bus de substitution débarque ses passagers à la gare SNCF et repart avec d'autres passagers, parmi lesquels un groupe de scouts...

...que l'on retrouve sur cette photo prise à 17h59, soit 1h30 plus tard, devant le multiplexe de cinéma, où ils embarquent dans le bus n°106-direct à destination de La Grande Motte. Si le tram n'existait pas, ils seraient déjà depuis longtemps à leur destination!

Quelles options reste-t-il pour le touriste en visite à Montpellier?

Il reste plusieurs choix pour les touristes venant dans notre région:

venir en voiture (mais les embouteillages vers la mer peuvent être terribles)
perdre des heures dans les bus
renoncer à aller à la mer, solution sans doute préférée par l'Agglo depuis que La Grande Motte, Carnon, et Palavas ont quitté l'Agglo
louer un vélo à TaM-vélo et rejoindre Palavas par les bords du Lez (prix non abonné: 6 euros la journée, donc un peu moins cher que le bus, et au final plus rapide)
prendre le bus urbain jusqu'à Villeneuve-les-Maguelone et emprunter un vélo gratuit de la TaM pour rejoindre Maguelone. Solution la plus économique, et convenant à l'Agglo puisque Maguelone est désormais la seule plage de l'Agglo de Montpellier.
...partir dans une région où ils sont mieux respectés!

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